Ces dernières années, les évolutions technologiques en matière de capteur (fissuromètres) permettent de suivre précisément l’évolution et la dynamique des fissures. Cet article présente de manière rétrospective les différentes techniques utilisées dans le domaine de l’expertise assurantielle.
Le plâtre
Une technique très ancienne et encore utilisée à ce jour est la pose d’un témoin en plâtre sur les fissures d’un bâtiment.
Cette méthode basique permet de surveiller une fissure et de savoir si elle est active ou non, mais :
- Elle ne permet pas de suivre l’évolution de son ouverture ou de sa fermeture dans le temps.
- Elle peut se détruire facilement lors d’un mouvement entrainent la perte totale d’information sur la date du 1erévènement.
Il n’est pas possible de caractériser le type de déformation (Retrait Gonflement des Argiles (RGA), glissement de terrain, tassement…). Elle n’a donc aucune utilité dans la compréhension et la résolution d’un sinistre.
La jauge plastique dite jauge Saugnac
La jauge fissuromètre plastique dite jauge Saugnac® est une marque d’instrument de mesure permettant le suivi de l’ouverture et la fermeture d’une fissure. Semblable à un pied à coulisse, elle permet de mesurer manuellement la distance entre deux points de fixation.
L’écartement entre les 2 points de fixation est de 14 cm avec une plage de mesure de 3 cm ce qui limite son installation sur une seule fissure et un mur avec un revêtement en bon état.
Il arrive souvent que la déformation d’un bâtiment se propage sur un réseau de fissures ou que le revêtement aux abords de cette zone soit altéré rendant alors impossible l’installation d’une jauge Saugnac.
La mesure se fait par relevé visuel. Dans des conditions idéales, elle permet d’avoir une précision inframillimétrique.
En pratique, plusieurs facteurs entraînent un biais de mesure :
- Le plastique se déforme et gondole sous l’effet du soleil.
- La colle ou le revêtement (crépi, enduit…) s’altère ou disparaît entraînant la perte de point de fixation.
- L’opérateur fait une erreur de mesure (l’erreur est humaine).
- L’opérateur n’applique pas la même méthode de mesure (plaquage ou non de la jauge contre le mur lors de la lecture visuelle).
Dans le cas d’une expertise judiciaire/assurantielle, le relevé doit être fait par l’expert ou une personne habilitée.
Cela engendre des coûts non négligeables et une prise de rendez-vous avec les parties et les sinistrés limitant généralement le nombre de mesure de une à trois par an.
Dans ces conditions, la fréquence des mesures n’est pas assez élevée pour caractériser le cycle d’ouverture et de fermeture d’une fissure causé par le Retrait Gonflement des Argiles (RGA).
Le graphique ci-dessous représente les mesures réelles faites par un fissuromètre Geosciences Survey et un exemple de suivi pouvant être relevé à l’aide d’une jauge Saugnac® :
Le suivi réalisé par un fissuromètre automatique met en évidence, sans ambiguïté, le cycle d’ouverture et de fermeture de la fissure permettant de caractériser une typologie de mouvement de terrain lié au RGA.
Le relevé manuel 1 (noté par les croix oranges) de la fissure réalisée le 01/01/2023, le 24/08/2023 et le 31/12/2023 montre l’absence totale de déformation.
Le relevé manuel 2 (noté par les croix vertes) de la fissure réalisée le 01/04/2023, le 01/08/2023 et le 01/11/2023 montre une ouverture continue de la fissure de 5mm en 7 mois.
A l’issue de ces 2 séries de 3 relevés ponctuels d’une fissure sur une année, il est impossible de caractériser le RGA comme facteur déterminant.
L’interprétation de ces mesures ponctuelles est même dangereuse car elles induisent en erreur le technicien, car contraire au phénomène physique réel.
La station d’acquisition
Une station d’acquisition, appelée datalogger en anglais, est un appareil de mesure sophistiqué permettant d’enregistrer un signal analogique en donnée numérique.
Il est couramment utilisé dans le domaine scientifique et dans l’industrie pour interfacer tout type de capteurs.
Il est totalement paramétrable (fréquence d’enregistrement, conversion d’unité, correction…) et permet aussi la transmission de données grâce à un modem cellulaire par exemple.
Sa consommation électrique est faible mais nécessite une source d’alimentation secteur ou photovoltaïque ; notamment si on transmet les données.
Son prix élevé implique qu’il est couramment utilisé pour le suivi de plusieurs fissures ou d’autres appareils scientifiques.
La mise en œuvre est longue et intrusive car les câbles, entre les capteurs et le datalogger, sont protégés par une gaine et fixés le long des murs sur de longues distances si les points de mesure sont éloignés.
Il est nécessaire d’utiliser des capteurs avec sortie 4-20mA (signal analogique en courant) lorsque le câble est trop long pour avoir une mesure précise.
Cela augmente le prix du capteur et nécessite généralement une alimentation spécifique.
La mesure est fiable et de très haute précision mais le système est globalement vulnérable aux dégradations animales ou au vandalisme.
Le fissuromètre DIAG-Sécheresse
La société Géosciences Survey, en partenariat avec le CNRS et l’Union d’Experts, a conçu une méthode empirique permettant de diagnostiquer avec certitude le facteur déterminant des désordres observés sur un bâti.
Cette méthode DIAG-Sécheresse s’appuie sur le développement d’un fissuromètre automatique connecté garantissant le suivi continu du cycle d’ouverture et de fermeture des fissures.
Le fissuromètre utilise la technologie magnétostrictive. Utilisant des propriétés magnétiques, il permet de mesurer une distance entre 2 points avec une précision inframillimétrique.
Cette technologie sans contact est totalement imperméable. Elle permet une mesure fiable et robuste y compris dans des conditions climatiques extrêmes.
Le boitier de numérisation et de transmission intègre une pile. Sa très faible consommation énergétique lui permet d’être autonome le temps du diagnostic, limitant les interventions à l’installation et la désinstallation uniquement. Le boitier est placé au plus près du capteur. Cela permet de faciliter son installation, d’être discret et de diminuer le bruit de mesure.
Les données sont transmises en continu par liaison sans fil. L’ensemble des acteurs : experts, assureurs et assurés peuvent suivre l’évolution des déformations en temps-réel sur un site web avec login dédié.
Tableau comparatif des méthodes
Témoin en plâtre | Jauge Saugnac | Station d’acquisition | DIAG-Sécheresse | |
Activité de la fissure | ||||
Mesure périodique de l’activité | ||||
Adaptation à tout type de fissuration | ||||
Caractérisation du phénomène physique | ||||
Plateforme web de suivi temps-réel |